vendredi, juin 08, 2007

Portela --> Ospital de Condesa

Nous rentrons aujourd'hui en Galice, c'est la dernière province à traverser. Il ne reste plus qu'une semaine à marcher, mais nous ne sommes pas mécontents que l'aventure se termine. On démarre le coeur léger malgré la grande étape de la veille, nos sacs ne nous pèsent presque plus, ils font maintenant partie de notre anatomie, nous avançons assez rapidement jusqu'au pied du col de Ceibrero.
A ce moment, les choses se corsent un peu, en prenant notre temps, nous parvenons finalement au sommet. Quatre maisons et tout autant de vendeurs de cartes postales nous attendent, des hauts parleurs aux fenêtres diffusent une musique de biniou et donne à ce sommet l'allure d'une kermesse. Au bar je mange un gâteau très jaune qui doit comporter pas mal d'oeuf et tout autant de sucre.
Nous nous arrêtons pour dormir dans un village dont les rues sont couvertes de merde et dont les habitants portent des bottes en caoutchouc. L'odeur de la bouse est omniprésente, la femme qui nous reçoit dégage un peu.


A l'heure de la sieste, je découvre l'inconvénient de vivre au milieu des vaches. D'abord, si l'on est amateur de lits naturels, c'est-à-dire si l'on souhaite dormir dans l'herbe, la recherche d'un endroit dans le champ qui ne comporte pas de bouse est assez ardue puis, lorsqu'on ferme les yeux, une kyrielle de mouches, vous confondant avec une merde, commence un rodéo en allant d'une oreille à une autre.

Lorsque j'ai eu fini par dormir à peu près, ignorant les mouches, j'ai entendu un grondement, c'était l'orage qui se préparait, j'ai alors vu que le ciel avait une furieuse envie de me rincer la gueule à coup de seau. J'ai dû courir pour me mettre à l'abri annulant tous les bénéfices de ma sieste (les amateurs comprendront)

Au refuge, c'était le branle-bas de combat, tout le monde courrait pour récupérer son linge. Quand je suis arrivé mon T-shirt sur la corde à linge n'avait pas grande allure. La pluie battait furieusement au dehors. Un éclair énorme a semblé tomber sur la maison, nous n'avions plus de courant, le ciel était si noir qu'on ne voyait plus très bien non plus. En attendant la fin de la pluie, je me suis claquemuré dans la piaule, je n'aime pas trop l'allure de nos compagnons de nuitée.
Dans les auberges, c'est la loterie tous les soirs. Tu ne sais jamais si tu vas toucher le gros lot. Cristina et moi, à ce sujet adoptons deux attitudes radicalement différentes. Quand nous sommes entourés de neuneus, elle pratique l'abstraction et ignore délibérément les côtés négatifs, convaincus qu'il faut creuser la chose pour y trouver du bon. Elle positive.
Po-si-ti-ver ! Voilà le genre de chose dont je suis incapable. Moi, mon truc, c'est la fuite : je fais trois fois le tour du pâté de maisons, je crie : « Mort aux cons » et quand je reviens défoulé, je suis fatigué et je peux enfin dormir. Évidemment, les jours de pluie, ma méthode est un peu inopérante...
Quand la flotte a cessé, les habitants sont sortis sur le pas de la porte et se sont mis à discuter avec entrain. Ils n'ont pas tellement de distractions ici, c'est compréhensible. Un grand père qu'aimait bien l'action est venu nous voir dans notre cabane, pour essayer de bricoler le compteur, ça n'a pas marché, mais comme il appréciait la compagnie, il est resté discuter.
Le soir, nous dinons avec un flic de Murcia qui nous raconte des blagues de Belges et deux filles qui nous racontent leurs histoires d'ampoules en même temps que nous mangeons notre assiette de cochonnaille.