samedi, mai 26, 2007

Torres del Rio --> Logroño

Il pleut toute la journée. A l'abri sous nos ponchos étanches, nous sommes bien au sec, pourtant, nous sentons monter la fatigue. Comme à l'armée, nous avançons sans trop réfléchir. Je regarde mes pieds. Le sol est miné d'escargots. J'en sauve quelques-uns en les déplaçant délicatement sur le bas côté, mais je ne peux les sauver tous. Les jours de pluie, les escargots se prennent pour Gene Kelly, ils vont "singin'in the rain", la moitié d'entre eux meure sur la piste de danse mais ça ne fait rien. C'est une belle mort que d'être écrasé sous les croquenots de marcheurs abrutis.

Dans mon esprit ensommeillé, une nouvelle routine s'est installée : il faut se grouiller pour avoir un lit, il faut démouler un bronze tant qu'il y a du pécu dans les toilettes et puis, rapido, prendre son ticket pour la douche (A moins d'aimer l'eau froide).
À l'arrivée dans Logroño, Felisa et son fils, Carlos, sont installés sur le seuil de la porte. Ils tiennent une petite boutique qui vend des sandwitch et des boissons. Ils regardent les pèlerins passer et devisent bruyamment. Carlos a sa chemise bien ouverte et se gratte le torse, répond si fort à sa mère qu'on a l'impression qu'il se disputent. Nous apercevant, sa mère nous offre d'apposer le sceau sur notre crédential. Leur tampon marque : Felisa : Agua, Amor y Higos : De l'eau, de l'amour et des Figues.

Ils nous racontent une histoire déjà entendue. Ils se plaignent des pseudo-pèlerins qui confondent sport et pèlerinage. Ils maudissent des touristes qui prennent le taxi et ceux qui confondent les albergues avec des hôtels à bas prix. Surtout, Carlos regrette la massification récente, elle dénature complètement le Camino. Il affirme même qu'il a vu des pèlerins depuis son camion à quatre heures du matin longer la route pour aller plus vite, plus loin. Il demande à sa mère en s'exclamant fort : "Mais qu'est ce que ça veut dire ?"

Et moi donc ! ... Décidément, rien ne va plus ma bonne dame.