lundi, juin 11, 2007

Portomarin--> Palas del Rei

C'est maintenant au tour de Cristina de souffrir, nous devons nous arrêter toutes les demi-heures, elle affirme qu'elle n'a jamais été aussi fatiguée de sa vie. Lentement, nous voyons les bornes décompter le reste à faire. 88,5... 88... Je suis moi aussi brisé, j'explique à ma douce qu'elle se trompe : le présent est souvent convaincu d'être exclusif dans la souffrance, mais le temps oublie vite les moments difficiles pour ne retenir que le meilleur. Cristina s'étonne, je lui ai pris son rôle ! Ma douleur m'aurait-elle rendu philosophe ?
Rien pourtant n'y encourage, le chemin de Santiago n'a plus rien de spirituel dans sa finalisation. On fait les derniers kilomètres parce qu'ils sont nécessaires pour le diplôme, ce n'est pas l'éloge de la lenteur, c'est l'inverse. On les torche rapidement pour pouvoir envoyer une carte postale de là-bas.
Tout est efficace, balisé, performant... Demain, ce sera un monopole Decathlon. L'industrialisation répond à la pression démographique, sa tendance uniformisante est un rouleau compresseur.
Le touriste où le pèlerin c'est égal, sont les vecteurs de la normalisation, nous rongeons et portons notre banalité toujours un peu plus loin, nous vampirisons une à une les cultures que nous traversons, avant de nous reporter sur les survivantes.
L'industrialisation est l'ennemie de la liberté, elle formate au nom de l'efficacité. La liberté n'est pas possible sans singularité. La standardisation des désirs est la plus grande victoire de l'industrialisation. Elle a commencé par une fameuse blague de Mr Ford : « Vous pouvez avoir une Ford-T de toutes les couleurs, à condition qu'elle soit noire. » Cent ans plus tard, on peut dire que nous avons droit à tout, pourvu que cela soit dans le catalogue.


Seule la rébellion est un réel contre-pouvoir à cette industrialisation victorieuse. La rébellion présente la différence comme une fin en-soi, elle n'est pas raisonnable, mais elle nécessaire si nous ne voulons pas finir comme les poulets que nous avons mis en batterie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

votre différentialisation a de plus l'avantage de vous placer toujours au dessus des autres.